Sagesse tirée d'une leçon de tissage à lanières

Plusieurs cours sont proposés à l'école de tissage Trama Textiles. J'ai choisi celui de 10 heures, où l'on apprend à confectionner une écharpe et, bien sûr, on peut la garder. J'avais besoin d'une écharpe chaude. 

Mes professeurs sont Amparo, présidente de la coopérative , et Oralia, vice-présidente. C'était mon premier jour de bénévolat chez Trama. Le matin, j'avais décidé de commencer le cours l'après-midi. Outre la confection de mon propre foulard, j'avais également voulu faire connaissance avec Amparo et Oralia dès le début, comprendre leur méthode d'enseignement et ce qui compte pour elles. Toutes ces raisons me semblaient nobles, car apprendre rapidement à les connaître m'aiderait vraiment à devenir une meilleure bénévole. 

Et puis, comme souvent, lorsqu'on apprend quelque chose de nouveau, on n'acquiert pas seulement la compétence, on apprend aussi à se connaître soi-même. Voici ma tentative maladroite de partager les aperçus de conscience que j'ai vécus pendant les cours de tissage : 

1. Faire confiance au processus – c'est une phrase que je lis et entends souvent , et que je répète moi-même souvent. Pourtant, c'est parfois difficile à mettre en pratique, et je crois que c'est parce que la confiance est essentielle. 

La leçon a commencé par le choix de trois couleurs pour mon écharpe. Après avoir préparé suffisamment de fils doubles pour chacune des trois couleurs, Amparo a apporté une table renversée à plusieurs pieds, sur laquelle j'ai commencé à préparer le fil. C'était la partie la plus difficile pour moi, car n'ayant jamais vu ce processus auparavant, je n'imaginais pas comment enrouler des fils colorés autour des pieds de la table renversée allait se transformer en écharpe. 

Vous est-il déjà arrivé, au cours de votre développement personnel , de tomber sur des effets secondaires de vos efforts et de vos actions qui, à votre avis, n'avaient aucun lien avec le résultat final ? Il m'est arrivé d'en écarter certains parce que je ne les trouvais pas utiles ou suffisants pour mon développement. Ce jour-là, pendant le cours de tissage, je me suis rappelé que les petits résultats comptent, même lorsqu'ils n'en ont pas l'air : ils sont des tremplins vers le progrès. 

2. Le tissage est une action méditative et, tout comme la méditation, vous devrez lui permettre d’être méditatif.

En tant qu'êtres humains modernes vivant au XXIe siècle, notre esprit est constamment actif et occupé. Face à cette surcharge qui, selon beaucoup, nous conduit à l'autodestruction, nous sommes encouragés à créer de l'espace dans notre esprit. Je pratique le yoga et la méditation pour créer cet espace, car je n'ai jamais vraiment aimé cuisiner ni être un amateur d'artisanat. C'était très agréable pour moi de constater que lorsqu'on crée quelque chose de ses mains, on s'évade de sa tête. 

J'avais abordé le deuxième jour de mon cours avec l'esprit embrouillé. Ce jour-là, j'ai dû tisser, donc être attentive était cruciale. Oralia m'a fait remarquer que je n'y étais pas. Elle m'a encouragée à être attentive, car « ce n'est pas difficile ». « Regarde, ma fille », m'a-t-elle dit, « tu passes ça par-dessus et par-dessous comme ça, et quand tu arrives à sept, tu sors le bâton et tu le poses sur ce que tu as tissé. Comme ça. C'est facile, ma fille. » Oui, j'avais compris le message : « Sois là, maintenant », disait-elle, et j'ai écouté, aussi parce que je n'aimais pas qu'on me réprimande. 

3. Un voyage de mille kilomètres commence par un seul pas (ce dicton provient d'un proverbe chinois). 

Après ce qui m'a semblé durer des heures, j'avais suffisamment tissé pour devoir enrouler le premier morceau de tissu afin de garantir la tension du métier. Oralia est venue me montrer comment enrouler le tissu et rattacher la sangle arrière. Et d'un seul coup, mon tissage s'est caché, ne laissant apparaître que le long fil à tisser.

Cela m'a rappelé le proverbe chinois mentionné plus haut et j'ai décidé de me concentrer moins sur ce qui restait du voyage et de trouver du plaisir dans la tâche à accomplir : le tissage lui-même. Une fois mon rythme trouvé, j'ai constaté à quel point c'était agréable et j'ai même pu converser avec Amparo et Oralia, et créer des liens avec elles et Trama, comme je le souhaitais au départ.

Écrit par Corina Dumont.