Les marchés alimentaires guatémaltèques à l'ère de la COVID

Les marchés alimentaires guatémaltèques sont une institution nationale. Animés et tentaculaires, bordant les routes et les coins de rue, regorgeant de fruits et légumes, ils sont le lieu de rencontre des Guatémaltèques. Sur un marché alimentaire guatémaltèque, on marchande, on marchande et on se mêle. On se retrouve souvent accueilli par une communauté de vendeurs : si l'un d'eux n'a pas ce que l'on cherche, il en avertit son voisin, qui l'a. Le sentiment d'appartenance est palpable, et cette expérience – souvent exaltante, parfois déroutante, toujours vivante – contraste fortement avec l'anonymat aliénant qui caractérise parfois les courses dans les supermarchés et les hypermarchés occidentaux climatisés.

Les couleurs des marchés alimentaires guatémaltèques valent à elles seules le détour. Bananes jaune foncé, pastèques rose flamboyant, paniers de haricots rouges, noirs et blancs. Le sol volcanique fertile du pays est idéal pour cultiver une variété de produits aux dimensions remarquables – les avocats géants pourraient être confondus avec des œufs de dinosaure – qui, exposés ensemble, créent une riche mosaïque de tons. Et puis il y a les parfums, les arômes prononcés de tant d'herbes et d'épices différentes. Les marchés alimentaires guatémaltèques sont un régal pour les sens.

Pourtant, en raison de la pandémie mondiale sans précédent, les marchés alimentaires du pays sont actuellement sous tension. Pour se nourrir, de nombreuses familles guatémaltèques dépendent des transferts de fonds de leurs proches résidant dans des pays économiquement développés comme les États-Unis. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, des millions de personnes effectuant des travaux domestiques et manuels aux États-Unis se sont retrouvées au chômage, ce qui a interrompu les lignes d'assistance qui contribuent à nourrir les familles restées au pays. De plus, les restrictions sur les transports publics et les déplacements ont impacté l'accès aux marchés alimentaires et la capacité des petits agriculteurs à y vendre, augmentant ainsi le prix de certains produits de base. Il en résulte une augmentation inquiétante de l'insécurité alimentaire, en particulier pour les groupes pauvres et vulnérables. En juin 2020, on rapportait que 1,2 million de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence au Guatemala, soit une augmentation de 570 000 depuis le début de l'année.

Diverses mesures ont été prises pour tenter d'enrayer cette situation. Les vendeurs des marchés alimentaires portent des masques et les professionnels de santé ont procédé à des tests de masse sur les marchés urbains afin de stopper la propagation de la COVID-19. Malgré la fermeture des écoles, le gouvernement a maintenu le programme d'alimentation scolaire, qui fournit un repas à environ 2,5 millions d'enfants chaque jour. La Banque mondiale et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies pilotent également des initiatives numériques pour remédier aux déséquilibres entre l'offre et la demande alimentaires et permettre aux agriculteurs d'accéder à un réseau de clients plus large. Cependant, avec plus de 70 000 cas de COVID-19 au total et, au 31 août 2020, plus de 9 000 cas actifs, il est évident que l'insécurité alimentaire au Guatemala demeure une source de vive préoccupation.

Chez Trama Textiles, nous ferons tout ce que nous pouvons pour soutenir les familles de nos tisserands en cette période extrêmement difficile et attendons avec impatience le jour où les marchés alimentaires – un indicateur sûr de la santé de la nation – retrouveront leur niveau d'agitation et d'activité d'avant la pandémie.

Sources :

https://www.youtube.com/watch?v=WJxrtadfAaY

https://revista.drclas.harvard.edu/book/guatemala-snapshot-coronavirus-and-communities-need

https://www.worldometers.info/coronavirus/country/guatemala/

https://blogs.worldbank.org/latinamerica/leveraging-technology-support-guatemalas-food-chain-during-covid-19

https://www.bbc.com/news/world-latin-america-52550389

https://reliefweb.int/report/guatemala/le-nombre-de-personnes-faisant-la-faim-au-guatemala-a-doublé-en-raison-de-la-covid-19